Une fois la maladie diagnostiquée, il existe plusieurs solutions pour lutter contre le cancer du pancréas : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.
Principes de la chimiothérapie dans le cancer du pancréas
La chimiothérapie du cancer du pancréas utilise :
- des cytostatiques (ou antimétabolites) afin d'inhiber la division des cellules cancéreuses et freiner leur multiplication ;
- des dérivés du platine qui empêchent la réplication de l’ADN entraînant ainsi la mort des cellules cancéreuses ;
- un inhibiteur de la topoisomérase (une enzyme) qui dérègle la structure de l’ADN des cellules tumorales.
Il existe plus d'une centaine de cytostatiques qui permettent de traiter les cancers, mais on choisira les plus adaptées en fonction de la tumeur à éliminer.
Dans le cadre d'un cancer du pancréas, on utilise soit un seul médicament (monochimiothérapie) soit une combinaison de plusieurs. On peut par exemple associer les sels de platine ou l’inhibiteur de topoisomérase avec le 5-FU (un cytostatique). Ces associations sont nommées FOLFOX ou FOLFIRI.
Le traitement est le plus souvent administré par perfusion en traitement ambulatoire (le patient rentre chez lui le jour même).
Ce type d'approche est utile :
- Avant une chirurgie du cancer du pancréas afin de réduire la taille des tumeurs difficiles à extraire et ainsi de faciliter l'intervention (thérapie néoadjuvante). Par ailleurs, la mise en place d'une chimiothérapie avant une opération permet de mieux évaluer son efficacité.
- Six semaines après l’opération (par cycle de quatre à six semaines) et pendant six mois pour prévenir les récidives ou l’apparition de métastases (thérapie adjuvante) et retarder la progression de la maladie, souvent en association avec une radiothérapie.
- À la place de l’opération afin de soulager les symptômes (douleurs, troubles digestifs et jaunisse, notamment) et de stopper la croissance de la tumeur. L'objectif est dans ce cas d’augmenter l’espérance de vie du patient et d’améliorer son confort ou sa qualité de vie (thérapie palliative).
À noter : la durée de la chimiothérapie palliative dépend de l’effet du traitement sur la tumeur et de la réaction du patient.
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Chimiothérapie cancer du pancréas : médicaments employés
Les agents chimiothérapeutiques qui sont les plus souvent administrés en cas de cancer du pancréas sont notamment :
- cytostatiques :
- la gemcitabine,
- le 5-fluorouracil (par perfusion intraveineuse),
- la capécitabine (par voie orale) ;
- dérivés du platine :
- l’oxaliplatine,
- le cisplatine ;
- inhibiteurs de la topoisomérase : l'irinotecan.
Bon à savoir : un arrêté du 30 novembre 2020 autorise l’expérimentation de suivi à domicile des patients sous anticancéreux oraux sur 45 sites en France. Ce suivi se fait selon six étapes : prescription, accompagnement éducatif, primo-dispensation, renouvellement et délivrance, télé-suivi du patient.
Des bilans sont réalisés tous les 2 à 3 mois pour s'assurer que le traitement est efficace. Le médecin s’appuie pour cela sur des examens d’imagerie médicale (échographie, scanner, etc.) et des examens biologiques (prises de sang à la recherche de marqueurs tumoraux).
Bon à savoir : la recherche systématique d'un déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) avant la mise en route d'une chimiothérapie à base de fluoropyrimidines (5-fluorouracile et capécitabine) est désormais obligatoire et l'ANSM met une fiche d'information à la disposition des patients.
Thérapies ciblées
Il faut aussi mentionner les nouveaux médicaments qui sont en train de faire leur apparition. Ils sont spécifiquement dirigés contre des cibles moléculaires (récepteurs sur la cellule, enzymes, facteurs de croissance des vaisseaux tumoraux…) qui favorisent la multiplication des cellules cancéreuses et qui n’existent pas dans les cellules saines de l’organisme. Ces thérapies ciblées ont donc une action plus locale et entraînent moins d'effets secondaires.
Il s'agit essentiellement d'anti-facteurs de croissance dirigés contre les récepteurs de l’EGF (EGF pour Epidermal Growth Factor) ou HER1 et HER2 (HER pour Human Epidermal Growth Factor Receptor 1 ou 2) qui, lorsqu’ils s'expriment à la surface de la membrane des cellules cancéreuses, produisent des signaux toxiques et seraient responsables de cancers plus agressifs. En effet, ils stimulent la croissance de la tumeur.
Ainsi, l’objectif prioritaire des thérapies ciblées est l’inhibition :
- de la multiplication cellulaire incontrôlée ;
- de l’angiogénèse (construction anormale de vaisseaux qui alimentent la tumeur) en agissant sur le facteur de croissance des vaisseaux (VEGF pour Vascular Endothelial Growth Factor) qui se fixe sur les cellules des vaisseaux sanguins et favorise leur développement au sein de la tumeur ;
- du processus métastatique.
À noter : l’Agence européenne des médicaments (EMA) vient de rendre un avis positif (décembre 2023) concernant l’approbation de Naveruclif® (paclitaxel), un agent antinéoplasique de la famille des taxanes pour le traitement des adénocarcinomes du pancréas métastatiques.
Pour une efficacité maximale, il n'est pas rare que les thérapies ciblées soient associées à une chimiothérapie plus conventionnelle.
Ainsi des essais cliniques associant la gemcitabine, le 5-fluorouracil, l'oxaliplatine et l'irinotecan ont permis d'obtenir une survie moyenne augmentée de 4,3 mois, un triplement des chances de survie à 18 mois et une qualité de vie plus longtemps préservée. Toutefois, seuls les patients de moins de 76 ans présentant un cancer du pancréas métastatique mais en bon état de santé général ont pu suivre ce protocole.
De nombreuses recherches continuent à être menées pour découvrir d’autres cibles des cellules tumorales sur lesquelles ces thérapies ciblées pourraient agir.
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Traitements et prévention du cancer du pancréas
Sommaire
- Soigner le cancer du pancréas
- Vivre avec un cancer
- Prévenir le cancer du pancréas